Tous les tableaux sont à l’envers

Un projet des Archives modernes en plusieurs volets.

  • Premier volet : galerie Barnoud / Entrepôt 9, Quetigny, 8 janvier-5 mars 2016
  • Second volet : centre d’art contemporain Circuit, Lausanne, 15 mars…

Tous les tableaux sont accrochés à l’envers (sauf ceux qui le sont déjà).

C’est une exposition sur l’indécidabilité du sens. Si l’on devait la condenser, la résumer en une seule œuvre, il suffirait de mettre un monochrome en rapport avec le titre pour produire l’effet de sidération recherché – disons comme un point d’interrogation flottant sur un visiteur de bande dessinée.

Le thème du Monde à l’envers hante l’exposition. Le dijonnais Jean-Baptiste Du Tilliot, dans un ouvrage publié à Lausanne en 1751, raconte que lors de la fête des fous, à Sens par exemple, les clercs qui avaient endossé des vêtements retournés donnaient une messe parodique en tenant le livre de messe à l’envers, et qu’un figurant pénétrait dans l’église assis à l’envers sur un âne. Cette fête avait lieu entre Noël et l’Épiphanie. Notre premier vernissage suit de peu.

L’ouvrage de Du Tilliot comporte une gravure du revers du guidon de la Mère Folle de Dijon (visible au Musée de la vie bourguignonne), représentant le jeu de pet-en-gueule ; dans ce jeu, que Rabelais cite comme étant l’un de ceux du jeune Gargantua, les deux partenaires adoptent une position parfaitement réversible ! Une autre gravure figure l’un des sceaux de la compagnie : nous en avons repris la double tête pour notre carton d’invitation. Les inscriptions numerus stultorum infinitus est[1] ou sapientes stulti aliquando[2] proviennent de ces mêmes sceaux.

[1] Le nombre des fous est infini.

[2] Les sages sont quelquefois fous.